La disparition de Josef Mengele - Olivier Guez
Auteur: Olivier Guez
Editions: Grasset
Date de publication: 2017
Nombre de pages: 240 pages
Genre: Historique
Note: 5.5/10
Résumé:
1949 : ancien médecin SS à Auschwitz, coupable d’expérimentations atroces sur les déportés, Josef Mengele s’enfuit en Argentine. 1979 : après trente ans de traque, il meurt mystérieusement au Brésil. Caché derrière divers pseudonymes, protégé par ses réseaux et par l’argent de sa famille, soutenu à Buenos Aires par une communauté qui rêve du Quatrième Reich, Mengele croit d’abord pouvoir s’inventer une nouvelle vie... En Allemagne, l’heure est à la reconstruction, l’Argentine de Peron est bienveillante, le monde entier veut oublier. Mais la traque reprend, menée par le Mossad puis par le chasseur de nazis Simon Wiesenthal. Avec l’aide de sympathisants, Mengele trouve un temps refuge au Brésil, auprès d’un couple de Hongrois, dans une ferme reculée. Son errance ne connaîtra plus de répit. De planque en planque, entouré d’une meute de chiens, perché sur le mirador qu’il a fait construire pour guetter les dangers qui le menacent, isolé, déguisé, dévoré d’angoisse, Mengele finira noyé sur une plage brésilienne. Comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet international trente ans durant ? De quelles complicités en Allemagne de l’Ouest et en Amérique du Sud a-t-il bénéficié ? L’histoire est inouïe, elle est dérangeante. La barbarie nazie y croise la modernité des années 1960 et 1970, et nos ambiguïtés occidentales : que faire des hommes qui ont commis le mal ? La Disparition de Josef Mengele est une plongée au cœur des ténèbres. Anciens nazis, agents du Mossad, femmes cupides et dictateurs d’opérette évoluent dans un monde corrompu par le fanatisme, la realpolitik, l’argent et l’ambition. Voici l'odyssée dantesque de Josef Mengele en Amérique du Sud. Le roman-vrai de sa cavale après-guerre.
Mon avis:
Olivier Guez est le fils d'un gynécologue et d'une pédiatre. Sa famille et lui ont vécu à Strasbourg. Il a étudié à Sciences-Po, puis à la London School of Economics et au Collège d'Europe de Bruges.
Olivier Guez va ensuite travailler comme journaliste indépendant pour plusieurs grands médias internationaux, puis comme reporter au service Economie Internationale de La Tribune.
En 2017 va paraitre son roman biographique La Disparition de Josef Mengele. Ce livre est le fruit de trois ans de recherche et sera récompensé par le prix Renaudot.
Josef Mengele quant à lui est né en 1911 et décédera en 1979, il était un officier allemand de la Schutzstaffel (SS) et un médecin dans le camp d'extermination d'Auschwitz durant la Seconde Guerre mondiale.
Ce roman détaille la fuite de Mengele en Amérique du Sud et les aides qu’il a pu recevoir de certains haut placés et de sa famille (de riches industriels). Cette famille qui préférait le voir fuir et échapper à la justice pour ne pas ternir leur image. On peut voir avec qu’elle facilité certains criminel de guerre ont pu s’en sortir et mené une vie (presque) normale après leur effroyables agissements.
Ce médecin nazi est sans doute l’un des criminels les plus connus. Il est décrit comme « le symbole de la cruauté nazie » par le président du tribunal de Yad Vashem, le procureur général du procès d'Eichmann. Pourtant, il a été aidé, notamment par Perón, un argentin favorable au nazis et contre les Soviétique et les Américains.
L’évolution de Mengele est déroutante, il apparait faible et paranoïaque mais sans remords.
L’auteur décrit très bien les problèmes géopolitiques de l’époque et les liens entre les différents acteurs du livre. C’est un contexte complexe mais qui m’a paru passionnant. Il peut être assez difficile d’avoir une lecture fluide, il y a de nombreux personnages, souvent aux noms allemands et parfois avec des pseudonymes.
Olivier Guez a, dans ce roman, une approche très froide, distante qui m’a décontenancé. Il n’y a pas d’émotions dans cet ouvrage, juste des mots qui défilent, une explication lente de la course de Josef Mengele. Cette écriture m’a fortement déplu car le thème entourant la Seconde Guerre mondiale et ses atrocités méritent qu’on y plonge en profondeur. Ici, l’auteur reste en surface.
En effet, il n’y aucune description du personnage et de ses actions passées. Il faut alors se renseigner sur ce « médecin » et ses pratiques avant cette lecture. Il n’y a pas non plus de détails sur la guerre et les camps de concentrations. Certes, de nombreux livres existe sur ce sujet mais il me parait important de contextualiser une biographie.
C’est une biographie extrêmement précise, utile et doté d’une grande culture historique mais, elle ne transperce pas le lecteur, elle ne m’a, personnellement, pas donné envie de m’intéresser à ce personnage sombre. L’histoire traitée à la manière d’un économiste ne m’a pas convaincu. Ainsi, pour s’immerger dans l’histoire je me tournerai plus facilement vers le livre de Michel Cymes : Hippocrate aux enfers.
Un ouvrage tel que celui-ci a pour but de ne jamais oublié les erreurs du passé mais, pour cela il me parait important de rendre le récit vivant.
Le manque d’implication de l’auteur a terriblement gêné ma lecture, j’ai ressenti une forme de banalisation des actes de Josef Mengele et de tous les protagonistes du livre. Le texte est présenté de façon chronologique, c’est un documentaire où aucun ressentit n’est présent.
Au fil des pages, des centaines d’informations se succèdent mais ne nous transporte pas. Il est alors très difficile de lire un ouvrage sur une personne qui a marqué l’histoire de façon si négative, détruit des vies, des familles et pourtant ne rien ressentir.
Il n’y a pas d’hommages aux victimes de Mengele, elles ne sont que vaguement évoquées. L’homme existe pour sa fuite et ses rencontres mais les victimes, elles, n’ont aucune existence. Elles ne sont que le point de départ, la cause de la fuite. Cette attention constante à Mengele était alors dérangeante.
Lorsqu’il dépérie, qu’il vieillit, qu’il est atteint par la maladie il y a une forme de pitié et j’ai eu beaucoup de difficulté à accepter ce point de vu. Ses victimes deviennent les coupables de ses maux, de son « triste sort ».
Pour conclure, c’est un livre dont j’avais beaucoup entendu parler et pour lequel j’avais beaucoup d’intérêt, le thème de la Seconde Guerre mondiale et de ce médecin me plaisait beaucoup. J’en attendais donc surement trop et j’ai été déçu par la façon dont l’auteur a traité le sujet.
Citation:
Toutes les deux ou trois générations, lorsque la mémoire s’étiole et que les derniers témoins des massacres précédents disparaissent, la raison s’éclipse et des hommes reviennent propager le mal.
Thème: 8/10 Style: 4/10 Plaisir: 5/10
Note: 5.5/10